René Wanner, Absintissimo
À : Couvet, Val-de-Travers et Genève
Il est né au Val-de-Travers, « en 1951, comme le Pastis ». Cette année-là, en pleine prohibition, la Régie fédérale des alcools « recensait 273 clandestins au Val-de-Travers », s’amuse René Wanner. Et dès son plus jeune âge, il en connaît pas mal, des résistants de la bleue.
« Mes parents tenaient une épicerie à Couvet et me chargeait de livrer les clients après l’école. Souvent, je les surprenais en pleine distillation clandestine. Alors ils me donnaient 10 sous (50 centimes) au lieu des 10 centimes habituels, pour que je garde le secret ». Ce qu’il fait, scrupuleusement.
Le temps passe et René part à Genève où il devient… inspecteur de la police de sûreté. « J’ai tout de suite dit à mes supérieurs que je n’accepterai jamais de perquisitionner une distillerie clandestine » affirme l’ancien flic, qui garde des souvenirs « tragiques » de clandestins perquisitionnés, poursuivis et amendés dans sa vallée natale.
En 2006, lorsque sonne l’heure de la retraite, il revient à ses premières amours. Celui que tout le monde appelle « Le Ralphy » retourne dans son village de Couvet et entreprend de distiller l’absinthe qui a baigné ses jeunes années. La légalisation est passée par là et Ralphy reprend contact avec une trentaine d’anciens clandestins qui lui confient leurs recettes.
Entre Couvet et Genève, où il installe ses deux distilleries, il distille, teste, ajoute des plantes, en retire, goûte, peaufine, invente. « Je me réveille à deux heures du matin et je note des idées ». Il ne s’arrête jamais et travaille déjà à ses prochains crus.
À son palmarès, près de 160 médailles cumulées dans les concours les plus prestigieux. Indéniablement une valeur sûre.