Jean-Paul Jaquet, distillateur d'absinthe
À Couvet, Val-de-Travers
Jean-Paul, ancien bûcheron de Couvet, distille la recette d’un vieux copain, le Jeannot, qui remonte à 1918. Les deux amis ont traversé ensemble la clandestinité ; le Jeannot distillait tandis que le Jean-Paul cherchait les plantes à la droguerie et livrait les litrons aux clients.
« Pendant la grosse rafle de 1960, le Jeannot s’est fait dénoncer et ils l’ont arrêté. Les policiers lui ont dit : tu sortiras pas d’ici tant que tu ne nous diras pas où est ton alambic », raconte Jean-Paul. Le Jeannot le leur livre, l’alambic est plombé et le contrebandier écope d’une amende de 25’000.- « Mais le Jeannot, il en avait deux, des alambics. Le deuxième, il l’avait planqué derrière sa maison, sous des branchages ». Et les deux copains de repartir comme en quarante.
Jusqu’à ce jour de 1995. « Le Jeannot me dit : Jean-Paul, je passerai pas l’année. Il faut que tu reprennes la production ». Ce qu’il fit. Bien sûr.
En 2005, la Fée verte est dépénalisée et Jean-Paul sort de la clandestinité. Son absinthe, il choisit de l’appeler « La Jeannotte ». Un hommage à son vieux copain qui n’aura pas eu le temps de voir l’absinthe entrer dans la légalité. Ça, ça l’aurait bien fait rire, le Jeannot.